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EMMAÜS MUNDO'

« Il faut que la voix des hommes sans voix empêchent les puissants de dormir » Abbé Pierre

Lettre ouverte d’Emmaüs Alsace aux candidats aux législatives

L’Alsace compte aujourd’hui plus de 200 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté, soit plus de 11 % de la population alsacienne.

La région se rapproche du taux de chômage national et s’établit à 8,5 % dont plus d’un tiers de chômeurs longue durée.

Le mal-logement concerne près de 30 000 personnes dans la CUS.

 

Ces situations d’exclusion et de détresse sont intolérables. « Elles sont le résultat de politiques qui ont mené inexorablement à la déconstruction de notre pacte social en stigmatisant les plus démunis et en faisant peser sur eux les conséquences d’une crise dont ils ne sont pas responsables ! » (1)

 

Aujourd’hui, nous voulons interpeller les candidats aux élections législatives autour de 5 thèmes qui relèvent de l’urgence sociale et qui se trouvent au cœur de notre action :

 

-        L’emploi et l’insertion 

 

Notre région souffre aujourd’hui, comme le reste de la France, d’un fort taux de chômage. Plus d’un tiers des chômeurs sont des chômeurs longue durée. Le secteur de l’économie sociale et solidaire, dont l’insertion par l’activité économique, particulièrement dynamique en Alsace grâce à l’action et l’engagement de nombreux acteurs locaux et institutionnels, est une réponse efficace, organisée, créatrice de richesse et d’emploi, face à l’exclusion. Les structures d’insertion alsaciennes proposent une activité salariée à plus de 11 000 personnes  dans la région. Chaque euro investit dans une structure d’insertion rapporte près de 4 euros à l’économie locale.

Mais ce secteur souffre aujourd’hui d’un manque de visibilité, d’une baisse des crédits, d’une baisse des contrats  et d’une inadaptation des dispositifs aux situations réelles des personnes.

Mesdames et Messieurs les candidats aux élections législatives, que proposez-vous pour que l’insertion par l’activité économique puisse répondre plus efficacement aux situations d’exclusion de l’emploi et de la formation que connaissent beaucoup trop de nos concitoyens ?

 

-        L’hébergement et le logement 

 

L’Alsace compte un peu plus de 1000 places d’hébergement, soit plus d’un millier de personnes en attente d’un logement autonome à court et moyen terme. La réforme du « logement d’abord » devait permettre de proposer à toute personne en précarité et privée de logement d’accéder à un logement décent. Or, les délais d’attente dans le parc public sont  toujours aussi longs, et ce, malgré le DALO. Pour l’hébergement, si le principe de mise à l’abri inconditionnelle prévaut en hiver, le mois d’avril arrive chaque année comme un couperet, avec la mise à la rue de nombre de ménages, sans solution de logement à la sortie. A titre d’exemple, cette situation concerne 315 ménages cette année à Mulhouse. Les nouvelles mesures qui sont lancées en terme d’hébergement le sont sans moyens financiers adéquats.

Mesdames et Messieurs les candidats aux législatives, quand sortirons nous de l’opposition été-hiver pour l’hébergement ? Comment financerez-vous l’accompagnement global des familles en situation de mal-logement ? Quelles propositions pour une véritable politique de logements à coût décent et qui ne se concentre plus sur certaines zones, mais sur l’ensemble du territoire alsacien ?

 

-        Le développement durable

 

La récupération et le réemploi sont les moyens par lesquels les communautés et les structures d’insertion d’Emmaüs et du Relais permettent à des centaines de personnes en Alsace de retrouver une activité et de devenir ainsi des acteurs économiques et solidaires; ce qui fait d’Emmaüs, un acteur historique et innovant du développement durable en France et en Alsace. Mais le secteur de la récupération, de plus en plus organisé en filières et géré par des éco-organismes (déchets électriques et électroniques, textile, mobilier) risque d’échapper à l’Economie Solidaire par la présence croissante sur ce secteur de nouveaux opérateurs peu soucieux de solidarité et de cohésion sociale.

C’est, par exemple, la situation dans la filière textile où nous voyons des containers d’apport volontaire être posés sans autorisation ou des opérations de collecte sauvage en porte à porte s’organiser.

Mesdames et Messieurs les candidats aux élections législatives, que proposez-vous pour que les filières de récupération garantissent à l’Economie Solidaire ( Chantiers d'insertion, Communautés Emmaüs......)  une activité aux personnes les plus éloignées du marché du travail ?

 

-        Les sortants de prison

 

La politique pénitentiaire est essentiellement axée sur l’incarcération, au détriment du respect de la dignité humaine pourtant réaffirmée par la loi pénitentiaire de 2009, et au détriment des projets de réinsertion des sortants de prison.

La prison produit de l’exclusion et fabrique aujourd’hui les récidivistes de demain. Personne ne peut s’en satisfaire. La société a oublié sa mission de réinsertion des sortants de prison, pourtant prioritaire pour lutter efficacement contre la récidive.

Mesdames et Messieurs les candidats aux élections législatives, quelles solutions envisagez-vous pour promouvoir les peines alternatives à l’enfermement et pour qu’un véritable projet de réinsertion des sortants de prison soit au cœur de la politique pénitentiaire ?

 

-        L’accueil des étrangers

 

L’accueil inconditionnel est le principe de base dans les communautés Emmaüs, quels que soient la religion, l’origine, le sexe ou la situation administrative de la personne accueillie. Nous proposons une aide à toute personne qui le demande, y compris à des étrangers sans papiers. Nous ne pouvons accepter la politique du chiffre et la véritable « chasse » aux sans-papiers et aux aidants qui s’est mise en place ces dernières années. Les lois applicables aux étrangers ne respectent pas les droits inaliénables et libertés fondamentales. Les conditions d’accès, aux droits, aux soins, à l’hébergement, à l’accompagnement ne sont pas garanties dans des conditions respectueuses des principes républicains.

 

Mesdames et messieurs les candidats aux élections législatives, qu’envisagez-vous pour que la France respecte ses engagements conventionnels internationaux en matière d’accueil des réfugiés, permette aux demandeurs d’asile, en attente de décision, de vivre dignement et aux aidants d’accompagner les étrangers dans leurs démarches ?

 

Aujourd’hui notre société est au bord de l’explosion sociale.

Dans quelques semaines, en donnant notre voix à nos futurs députés, à ceux qui vont voter les lois qui régissent le « vivre ensemble », c’est pour un nouveau modèle de société que nous voulons nous prononcer. Une société plus solidaire, qui saura reconnaître la richesse et le potentiel qui existent en chacun d’entre nous, y compris les plus faibles. Demain, pour eux, pour nous, faisons enfin le choix d’investir dans l’humain !

Mesdames et Messieurs les candidats aux législatives, ceci est notre voie, ceci doit être votre engagement !

 

Nous vous invitons à débattre et à présenter vos engagements dans ces domaines lors d’une table ronde publique organisée par les groupes Emmaüs d’Alsace le 30 mai à 19h30 au Centre Socio-Culturel Victor Schoelcher, 56 rue du Rieth à Strasbourg Cronenbourg

 

Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de nos salutations distinguées.

 

 

Emmaüs Cernay              Emmaüs Haguenau         Emmaüs Mundolsheim              Emmaüs Scherwiller

 

                       Emmaüs Strasbourg                 Le Relais Est         Fondation Abbé Pierre

 

 

(1)  Christophe Deltombe, Président d’Emmaüs France, Le Monde, 22/9/2011

 

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